Divorces à l'Anglaise by Maeve Haran

Divorces à l'Anglaise by Maeve Haran

Auteur:Maeve Haran [Haran, Maeve]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Presses de la cité
Publié: 2013-08-18T04:00:00+00:00


21

Tess, assise dans la demi-obscurité, sentait le pétillement la quitter, tout comme il s’échappait du verre de champagne qu’elle tenait à la main. De l’autre côté de la pièce, les chiffres lumineux du réveil, sur leur table de nuit, lui apprenaient qu’il était minuit passé. Où diable était-il ? Il n’avait jamais été autant en retard, même quand il peignait. Joséphine avait pourtant dû lui communiquer son message ?

Furieusement, elle se mit à déboutonner son costume et envoya promener ses chaussures. S’il arrivait à présent, elle n’aurait plus qu’une envie : le tuer et non le séduire. Elle enleva sa jupe et son chemisier de soie, se rendit à la salle de bains en laissant traîner derrière elle ses sous-vêtements abandonnés. Elle attrapa son lait démaquillant et ôta de son visage toute trace du fond de teint si soigneusement appliqué, puis l’éclaboussa d’eau froide jusqu’à le faire reluire. Au dos de la porte, son vieux peignoir de bain lui tendait les bras et elle l’enfila, aussi propre et asexuée qu’une nonne, toute trace de désir oubliée. Pas mal pour un nouveau départ.

Dehors dans la rue, elle entendit le moteur d’un taxi. Ce genre de bruit qui vous attire irrésistiblement à la fenêtre même quand vous n’attendez personne. Stephen avait pris le train ce matin ; cela aurait pu être le taxi qui le ramenait de Waterloo. Elle jeta un coup d’œil dehors, mais c’était l’époux de la voisine — un coureur de jupons impénitent. Il y avait longtemps que sa femme ne cherchait plus à savoir où il allait. Une autre voiture fit son apparition au bout de la rue, une Mercedes blanche et brillante qui n’appartenait certainement à aucun de leurs voisins. La voiture se gara en double file, à quelques maisons de là, sous un lampadaire, bien qu’il y eût une place vide en face de leur propre maison. Tess s’apprêtait à fermer les rideaux quand quelqu’un sortit de l’auto. Secouée par une bourrasque glaciale, elle comprit que c’était son mari. Désespérément, son esprit chercha une bonne explication. Peut-être était-ce la voiture d’Hugo qui déposait Stephen après quelque dîner d’affaires ou une longue soirée passée à peindre.

Immobile, elle regarda Stephen faire le tour du véhicule et s’arrêter du côté du conducteur. Celui-ci baissa la vitre et se pencha au-dehors ; une chevelure sombre brilla sous la lumière artificielle. C’était Joséphine. Tandis que Tess regardait, figée d’horreur, Stephen se pencha et l’embrassa longuement sur les lèvres.

Quelques instants plus tard, comme si tout était normal, alors que ce regard jeté par hasard à travers la fenêtre avait tout bouleversé pour toujours, elle entendit la clef de Stephen tourner dans la serrure et son pas habituel résonner dans l’escalier. Elle s’attendait presque à l’entendre siffloter. Puis il y eut un silence et elle se dit qu’il avait dû aller dans la chambre de Luke. Le salaud ! Comment osait-il embrasser leurs enfants après avoir embrassé l’autre ?

Quand il entra dans la pièce, elle était toujours près de la fenêtre.

Il sourit, tout surpris de la voir encore debout.



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